Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/219

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pas qu’il puisse dire : « Ô ma bonne mère, viens à mon secours ? »

— À quoi bon ces prières à qui ne peut plus nous entendre ?

— En es-tu bien sûr ? Au delà des horizons de la science, il n’est pas plus sage de nier que d’affirmer. On doute, quelquefois on espère, puis la foi entre dans l’âme sans qu’on sache pourquoi ni comment ; l’esprit souffle où il veut. Je ne te parlerai que pour l’enfant, et je n’espère pas changer tes idées. Si ce miracle arrive, ce sera l’œuvre de celle qui va devenir notre ange gardien. Es-tu bien sûr qu’elle ne peut pas faire éclore dans ton cerveau des idées qui n’y auraient pas germé sans elle ? La mort ne brise pas les liens formés pendant la vie, et ce n’est pas toujours en vain que l’amour prodigue les serments d’éternité.

— Avez-vous toujours eu ces croyances, bonne mère ?

— Non, Pierre ; c’est la douleur qui me les a révélées ; hier encore, je t’aurais dit : la plus grande douleur que j’aie connu dans ma vie ; aujourd’hui, je ne peux plus dire cela. Ma mère allait mourir : je la suppliai de ne pas me quit-