Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/223

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— Oui, c’est vous qui avez raison, bonne mère ; le culte des morts est la religion de la famille, et cette religion-là n’a pas besoin de prêtres. Que l’enfant vous écoute, je ne contredirai pas vos paroles ; elles peuvent être pour lui une source de consolations maintenant et plus tard. Je voudrais pouvoir m’y associer, mais, pour enseigner une religion, il faut y croire ; je ne sais si cela viendra : cela n’est pas encore venu. Tâchez de donner à mon fils votre foi et votre espérance et il sera plus heureux que moi.

— Merci, Pierre, je vois que j’ai gagné ma cause : tu peux rappeler l’enfant. »


Il ouvrit la porte, et l’enfant accourut en demandant sa mère. Il lui dit : « Elle dort toujours ; ne fais pas de bruit. Elle avait bien besoin de repos. Je veillerai près d’elle. Demain, nous la porterons, sans la réveiller, dans un jardin plein d’ombre, où elle sera bien tranquille, sous des arbres toujours verts. »