Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/222

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rive des routes ouvertes vers des destinées inconnues ; mais, tant que nous pensons à eux, comment pourraient-ils briser la chaîne de nos prières et de leurs bienfaits ?

— Et ceux qui ont fait le mal ?

— Ils nous demandent de le réparer. S’il y a dans les familles une vie collective, il faut bien que les plus forts soutiennent les plus faibles, relèvent ceux qui tombent et les aident à porter un fardeau trop lourd. J’ai connu une jeune fille riche et belle qui, pour expier un crime qu’elle savait avoir été commis par son père, s’est condamnée à une vie d’austérités ascétiques et d’active charité. Tu peux blâmer, comme une erreur, cette expiation volontaire d’une faute qui n’est pas la sienne ; moi, j’admire cette âme pure abritant une âme souillée dans un pan de sa robe blanche. Ceux qui prient pour leurs morts sont plus malheureux que nous qui pouvons prier les nôtres. La sainte qui veille sur nous maintenant n’a pas une action de sa vie à se reprocher. Qu’elle soit notre phare et notre étoile, qu’elle nous épure et nous attire vers les hauteurs, qu’elle plane, avec ses ailes d’ange, sur le berceau de son enfant.