Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/23

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Quoi ! le païen Louis Ménard ? Le « dernier des païens » Louis Ménard ?

« Païen mystique », comme il est dit en tête de ces Rêveries. N’était-il donc point convaincu ? Si, il était un sincère. Mais ce sincère voyait, dans les religions, l’expression idéale des sociétés, et, de plus, pour lui, le fond se confondait avec la forme. Il « parlait la langue des mythes », comme M. Jourdain faisait de la prose, tout naturellement.

Un second souvenir caractéristique :

Un après-midi, toujours Place de La Sorbonne, je trouvai Louis en train de lire un recueil de nouvelles que l’auteur, Bernard Lazare, lui avait apporté Le matin même.

— Écoute-moi ceci… C’est très, très bien !

Il s’agissait de celle intitulée le Disciple, C’étaient les derniers moments, c’était l’agonie d’un affirmateur du divin qui, comme Jésus sur la croix, sentait s’effarer en lui la désespérance à béant d’abîme du (Golgotha : « Mon Père, pourquoi m’avez-vous abandonné ! » et qui, le glaçant frisson passé, se raidissait, gar-