Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/24

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dait sa suprême pensée en lui, orgueil ou pitié pour le besoin de croire de la faiblesse humaine, se condamnait à un silence qui laissait intacte sa doctrine.

Lorsque Louis eut fini de lire, il me demanda

— Eh bien ?

— Et toi ? que penses tu de ce sublime mensonge ?

— Qu’il a bien fait.

— Tu en aurais fait autant, à sa place.

— Je te répondrai dans la langue qui m’est familière que les dieux…

— Ce qui, traduit dans la mienne, plus abstraite…

— Tu as donc peur des mots ?

Avec ce merveilleux manieur de verbe qu’était Louis Ménard, il fallait toujours craindre d’être emporté dans le domaine des symboles. Il vous éblouissait d’un terme, vous troublait et vous imposait à sa suite tout un ordre d’idées, vous entraînant malgré vous en sa sphère de mythologue.

Sterne et Balzac prétendaient que le nom