Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/237

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jours qu’il faut être charitable pour les autres comme on l’a été pour nous. J’ai été quelquefois bien près de prendre la route gauche ; mais quand on me donne de mauvais conseils, je pense à cette bonne créature : que me dirait-elle si elle était là ? Et je n’ai pas de peine à deviner sa réponse, il me semble que je l’entends. Où est-elle maintenant, cette pauvre sœur Marthe ? Je ne sais pas s’il existe, ce paradis dont elle parlait toujours, mais si quelqu’un a mérité d’y entrer, c’est bien elle. On dit qu’elle aurait dû se marier, avoir une famille : elle a mieux aimé soigner les enfants trouvés. S’il n’y en avait pas quelques-unes comme cela de temps en temps, que serions-nous devenus moi et les autres ? Adieu, bonne sœur Marthe, voici une petite fleur pour toi. »

Les philosophes et les lettrés se perdent en conjectures pour deviner comment les religions commencent, et quand ils pourraient assister à cette genèse, ils ne veulent pas ouvrir les yeux. Voyez dans Tacite l’opinion des Romains de ce temps-là sur le christianisme naissant : c’est un mélange d’horreur et de dédain. N’est-ce pas exactement ce qu’éprouvent aujourd’hui les clas-