ses dirigeantes quand, à de funèbres anniversaires, il y a des couronnes d’immortelles rouges déposées au Père-Lachaise, le long du mur des fédérés ? Rappelez-vous qu’il y a quinze ans, dans la Critique philosophique, j’avais prédit ces pèlerinages : étais-je prophète ? C’est que je savais que Paris n’oublie pas ses morts : Gloria victis ! la religion de la Cité, c’est le souvenir de ceux qui sont morts pour elle, Plebeiae Deciorum animæ ! Culte proscrit, confiné dans les cimetières, comme celui des chrétiens dans les catacombes. Quand le corps de Caius Gracchus eut été jeté dans le Tibre, on défendit à sa veuve de porter le deuil. Ce n’est que d’hier qu’Étienne Marcel et Coligny ont leur statue. La Justice peut choisir son heure, puisqu’elle est éternelle. Mais je vous le dis, si vous voulez savoir comment une religion commence, ce n’est pas les philosophes qu’il faut interroger. Regardez dans la profondeur des couches sociales, vous y lirez les deux mots qui sont gravés sur la grosse cloche de Notre-Dame : Defunctos ploro.
Les religions, même quand elles semblent nouvelles, ont des racines dans le plus lointain passé. Les aînés de notre race, les Aryas, offraient des