Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/36

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formule politiquement sociale qu’il reflétait en l’admirable azur du ciel d’Hellas.

Renan, dans son Histoire du peuple d’Israël, montre les Juifs élargissant et dressant plus haut l’idée messianique à mesure qu’ils sont plus vaincus, plus abaissés, plus trompés dans leurs espoirs présents. Ils en appellent d’abord à un avenir prochain, puis à un avenir plus éloigné, puis à un avenir qui ne tient pas compte du temps, y mêle l’infini. C’est ainsi que le suscité de la maison de David, l’oint du Seigneur, le Sauveur de Juda a pu devenir chrétiennement le sauveur du monde, le fils de Dieu, Dieu lui-même, personne de la trinité. Les dieux de Louis Ménard sont d’un ordre analogue. Eux aussi sont fils de Dieu et fils de l’homme. L’aspiration les fait descendre vers nous, pour nous de l’Olympe ; mais l’apothéose du héros nous y fait monter pour siéger à côté d’eux, devenus égaux à eux.

Qu’aime avant tout de son ciel Louis Ménard ? La forme républicaine qui y fait prévaloir sa divine harmonie.