Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/52

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Louis est là, sa pipe, un instant oubliée pour la méditation, se refroidissant entre ses doigts, découronnée des cercles de fumée s’y succédant ordinairement sans presque d’interruption. La bouche mâchonne une phrase non encore arrêtée, non encore frappée au coin qui la fera médaille. Sur le front, haut, large et bombé, la mèche de cheveux que le peintre eût eu à faire flotter au vent, au besoin dans la tempête, s’il avait exécuté sa toile à l’époque de la jeunesse romantique de son modèle. Elle est fatiguée par l’âge cette mèche ; mais il faudrait bien peu pour qu’elle reprît son allure à la Byron d’autrefois. Quant aux yeux, deux courtes flammes de vision intérieure en expliquent la fixité. C’est en lui que Louis Ménard regarde, qu’il regarde et cherche, ce qui met le sceau à la ressemblance du portrait.

Louis Ménard n’a-t-il pas été lui parce que, toute sa vie, il a regardé, cherché, vu, su trouver en lui… quoi ? Lui, humainement lui.

Rioux de Maillou.