nommerons le Diable ; s’il y a du mal et du bien, nous soupçonnerons une collaboration.
Moi. J’aurais dû me douter que vous étiez manichéen. Mais après avoir nié mon existence et celle de Dieu, vous n’espérez pas me faire croire à la vôtre ?
Lui. Je ne vous y force pas, mais je vous prie de m’expliquer le mal.
Moi. La douleur est une conséquence nécessaire de la sensibilité physique, le vice est une conséquence nécessaire de la liberté morale.
Lui. Vous voilà revenu à cette nécessité que les anciens plaçaient au-dessus de tous les dieux. Que devient alors la toute-puissance divine ?
Moi. Elle n’est limitée que par l’absurde : il n’y a d’impossible à Dieu que ce qui est contradictoire. Je ne suis pas assez cartésien pour croire que deux et deux feraient cinq s’il l’avait voulu. Puisque lui seul est parfait, son œuvre ne peut être sans défauts, elle serait son égale ; mais le mal est seulement l’absence du bien, vous n’êtes qu’une négation, vous n’existez pas.
Lui. Il me semble, au contraire, que c’est le bien qui n’existe pas, et que le mal seul est possible et réel. La vie ne s’entretient que par une