Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/64

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série de meurtres, et l’hymne universel est un long cri de douleur de toutes les espèces vivantes qui s’entre-dévorent. L’homme, leur roi, les détruit toutes ; il faut des millions d’existences pour entretenir la vôtre. Quand vous ne tuez pas pour manger, vous tuez par passe-temps ou par habitude, et votre empire n’est qu’un immense charnier. Y êtes-vous heureux, du moins, y régnez-vous en paix ? Non, vous ne songez qu’à vous déchirer les uns et les autres ; la guerre, l’oppression et la violence, toutes les injustices et toutes les tyrannies remplissent l’histoire, et ce sera ainsi jusqu’à la fin. Le mal moral, qui est votre œuvre, dépasse en horreur le mal physique qui vous écrase. Contre l’un et contre l’autre, vous n’avez trouvé d’autre remède que de lâches prières, qui montent inutilement vers les indifférentes étoiles. Vous tenez à la vie que vous savez mauvaise ; vous voudriez la prolonger au delà de la tombe, et vous rêvez là-haut un monde fantastique et rempli de contradictions. Vous en retranchez la mort, condition nécessaire de la vie, et la lutte éternelle contre le mal, sans laquelle il n’y a pas de vertu.

Moi. Toujours blasphémateur et ennemi des