Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/92

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les liens du désir, elle ne peut s’élever au-dessus de la terre, mais si elle dompte le désir, elle peut l’enchaîner à son tour et lui emprunter ses ailes pour remonter vers le monde supérieur. La volupté l’en a fait descendre, la douleur l’y ramène. Dionysos lui tend la coupe de l’initiation où elle boit l’ivresse mystique de l’extase, et elle rentre purifiée au séjour de la lumière, dans la sphère immobile des dieux.

Tat. La doctrine que tu viens d’exposer, Porphyre, est empruntée en grande partie à la religion égyptienne. Mes ancêtres ont appelé Osiris le soleil des régions inférieures, le juge et le roi des morts. Les grecs ayant reconnu, dès le temps d’Hérodote, que Dionysos était le même dieu qu’Osiris, ont attribué à l’un ce que les Égyptiens leur ont appris de l’autre. Les récits des phéniciens sur la mort d’Adonis, sa descente aux enfers et sa résurrection, sont également des emprunts faits à l’Égypte, et les chrétiens me paraissent avoir puisé aux mêmes sources plusieurs des dogmes de leur philosophie, comme lorsqu’ils parlent de cette lumière qui luit dans les ténèbres et que les ténèbres n’ont pu contenir. L’Égypte est la mère antique des religions ;