Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/97

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pas dû sortir, et les âmes purifiées monteront avec leur sauveur vers le Père inconnu.

Origène. Je t’avoue, Valentin, que toi et ceux de la communion de Basilide, et les autres gnostiques, qui se séparent de la grande assemblée, vous me paraissez moins des chrétiens que des disciples d’Héraclite, d’Empédocle ou de quelque autre philosophe grec.

Nouménios. Est-ce donc un mal, Origène, de s’appuyer sur la sagesse de nos pères ?

Origène. Cette sagesse, quand elle ne s’égare pas, est empruntée aux saints livres des Juifs. Tu l’as reconnu toi-même, Nouménios, puisque tu as dit que Platon n’était qu’un Moïse attique.

Nouménios. Quand j’ai dit cela, je ne connaissais Moïse que par les livres de Philon. Depuis lors, j’ai lu la Genèse, et il m’a été impossible d’y trouver rien qui s’y rapporte au monde spirituel, à l’âme et à son immortalité. Vous avez reçu cette doctrine d’Homère et de la philosophie grecque, comme vous avez emprunté à nos gigantomachies la fable de la chute des anges, dont les livres juifs ne parlent pas. Tu as pu reconnaître par ce que nous ont dit Porphyre et Chérémon que la rédemption par la