Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/98

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mort d’un Dieu n’est pas un dogme particulier aux chrétiens. Les Grecs eux-mêmes l’ont pris des Égyptiens, comme Tat nous l’a montré, et il importe peu de savoir si vous l’avez emprunté des uns ou des autres.

Origène. Cela importerait peu en effet s’il y avait eu un emprunt. Mais quel rapport trouves-tu entre la passion du Christ et ces fables mystiques auxquelles vous-mêmes n’attribuez qu’un sens physique ? Je ne puis être touché par les mésaventures du raisin foulé dans le pressoir, ni par la descente du soleil dans les signes inférieurs du zodiaque. Mais le Christ est un homme qui souffre et qui meurt, et sa passion est le résumé de toutes les douleurs humaines, angoisses de l’âme et tortures du corps, l’abandon de tous ses amis, le reniement de son apôtre, l’ingratitude du peuple, les lâches insultes des soldats, la dérision du manteau de pourpre et de la couronne d’épines, et les soufflets, et les crachats, et le fouet au poteau des esclaves, et la croix portée dans la voie douloureuse, et le gibet dressé sous les yeux de sa mère, et les clous, et la lance, et l’éponge de fiel, et le supplice entre deux voleurs.