Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/99

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Chérémon. Tu as raison, Origène, tout cela est grand et nouveau dans le monde, et si vous n’avez voulu que faire l’apothéose du juste mourant pour la vérité, qu’il soit accueilli parmi les héros, mais à la condition qu’il n’ait été qu’un homme. Tu n’es pas touché par la mort du soleil, crois-tu que je puisse m’intéresser au supplice d’un Dieu revêtu de la forme humaine, qui sait parfaitement que sa mort n’est qu’une comédie et qu’il ressuscitera dans trois jours pour s’asseoir à la droite du Père ? L’homme peut donner sa vie en sacrifice, les Dieux ne le peuvent pas, et c’est en quoi l’homme est supérieur aux Dieux. Si notre âme est immortelle, eux seuls le savent, et ils nous ont caché ce mystère par respect pour les vertus humaines, qui perdraient tout leur mérite si elles attendaient une autre récompense que la paix divine du devoir accompli.

Nouménios. Il me semble, Chérémon, que si les chrétiens regardaient le Christ comme un homme divinisé pour sa vertu, ils feraient ce que nous reprochons à Évhémère, qui a confondu les dieux avec les Héros. Il est de l’essence du divin d’être éternel, mais il se manifeste dans le