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DES HISTOIRES

monte au front, comme à voir son âme même se dévêtir peu à peu.

Compassion pour l'orphelin trop esseulé, intérêt pour cette nature étrange, si intelligente et si sensible, communion aux mêmes fêtes de musique et de poésie, rêveries dans le silence si merveilleusement accordé de leurs âmes… enveloppement bleu des clairs de lune, bercement des vagues alanguies… Extases…

Extases, oui ! crie la voix intérieure qui ne ment pas ; extases, mais aussi attirance des yeux si profonds, désir brûlant des lèvres trop rouges, des dents trop blanches et trop aiguës — mais oui, rappelle-toi ce soir où tu mordis ton mouchoir pour ne pas crier ton besoin de sentir sur ta bouche l'autre, l'ineffable morsure !

Dans une honte délicieuse et poignante, Marthe Veyrès connaît enfin que sa chair de veuve, sa chair qui se souvient, sa chair fervente sent le poids de la solitude et le

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