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Page:Mérat - Les Chimères, 1866.djvu/45

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PRÉLUDE




C’est l’antique forêt aux mille enchantements.
 
Le tilleul aux fleurs d’or embaume à plein calices,
Et la lune pensive, astre cher aux amants,
Fait germer dans mon cœur d’ineffables délices.

J’allais, et j’entendis, — poète las du jour,
Sous le fiévreux éclat des étoiles complices,
Le rossignol qui chante et qui languit d’amour.

L’oiseau chante l’amour, ce rire plein d’alarmes,
D’un ton si lamentable et si gai tour à tour,
Que mes vieux rêves morts renaissent dans les larmes.

J’allais… Une clairière apparut à mes yeux ;
Et là, comme un fantôme évoqué par des charmes,
Un haut et fier château se dressa dans les cieux.

Des volets clos sortait une terreur secrète.
Tout à l’entour était morne, silencieux :
On eût dit qu’en ces murs dormait la Mort muette.