Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/169

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d’esprit individuel et non social. Et c’est pour ça que la Russie sortit de la famille des peuples européens, de l’unité universelle de la civilisation chrétienne, s’enfonçant dans les ténèbres d’une barbarie primitive, enfantine et sénile à la fois. — « Le défaut de notre doctrine religieuse, (c’est-à-dire de l’orthodoxie), dit Tchaadaev, nous a jetés hors du mouvement universel dans lequel est née et s’est développée l'idée sociale chrétienne et nous a mis au nombre de ces peuplades qui ne devaient subir que très tard l’action complète du christianisme. — Nous ne serons vraiment libres, conclut-il, que du jour où de nos lèvres, à l’insu de notre volonté, s’échappera l’aveu de toutes les fautes de notre passé, où de nos poitrines sortira le cri de repentir et de douleur dont l’écho remplira le monde. »

Ainsi pour Tchaadaev la plus grande de nos fautes est l’orthodoxie.

L’éditeur de ses œuvres posthumes en français (il n’écrivit guère en russe), le jésuite, prince Gagarine, trouve nécessaire d’expliquer que cet auteur ne renia pas le schisme grec et n’entra pas dans le catholicisme.

C’est là le seul point où Tchaadaev ne suit pas son inflexible dialectique. S’il avait eu foi en elle jusqu’au bout, il aurait dû inévitablement déduire