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Un écrivain : un
homme : Zo d’Axa
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Il est évident que les deux syllabes qui composent ce nom : Zo d’Axa, ne disent pas grand’chose aux générations sportives ou « cellulardes », d’aujourd’hui. Nos jeunes gens ne savent rien de l’En-Dehors, de La Feuille et de la carrière terriblement agitée, accidentée, fiévreuse, d’un combattant qui compta longtemps parmi les premiers de nos journalistes et de nos écrivains.

Zo d’Axa ! On peut rencontrer, du côté de Marseille, vers La Corniche, rêvant devant les eaux limpides et azurées, un homme sec, mince et grand, à la barbe blanche flottante, aux yeux très doux, l’allure aristocratique… Parfois, on le découvre sur la Cannebière. Les passants se retournent, s’interrogent. Il ne peut circuler dans l’indifférence, tant il est peu semblable aux autres, tant sa fine physionomie d’artiste, qui se doublerait d’un condottiere élégant, s’impose à l’attention. C’est presque un vieillard par la barbe qui danse sur sa poitrine, et il est extraordinairement jeune par le regard. Contemplez-le, bonnes gens. Un jour, s’il y a une justice littéraire dans ce bas monde de scribouil-

  1. Ces pages étaient écrites lorsqu’on apprit la mort de Zo d’Axa, frappé brusquement, en pleine force ; toute la presse a salué la disparition de ce lutteur.