Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/122

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« pécaïre ! ». Si bien que Stein, furieux, dut fermer boutique. Mais sa colère atteignit au paroxysme le soir où l’on annonça que Sébastien Faure, au Théâtre Chave, apportait au public les douze preuves de la non-existence de Dieu. J’entends encore Stein :

— Ton Sébastien Faure, ça n’existe pas. Il répète toujours les mêmes choses. Si je voulais m’en donner la peine, j’en ferais autant que lui. Mais qu’il y vienne, ton Sébastien Faure, qu’il y vienne à mon cabaret ! Nous verrons bien s’il pourra tenir le coup !

Rue Champollion, toutefois, Stein eut plus de chance. Le cabaret marcha à peu près. Mais il n’avait pas la tenue ni le pittoresque familier du Cercle. À dire vrai, on s’y rasait consciencieusement. Je n’y ai heurté qu’un type intéressant, un jeune homme très sûr de lui et qui devint un des as du cinéma, en Amérique. Il a tourné Mon Homme. Son nom ? Charles de Rochefort.

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* *

Hélas ! les années filent. On avance en âge. Tout s’use, tout se disperse, comme dit à peu près Massillon. Les uns après les autres, les plus authentiques représentants de la bohème désertèrent la vieille patrie de la Buci. Chacun fila de son côté, à l’aventure.

J’ai compté parmi les plus endurcis. Je ne saurais dire quel sortilège me collait là. Après des essais de fugue, des mois passés sur la Butte, je revenais, guidé par quelque force irrésistible, vers le Petit