Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/137

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en France et à l’heure de la grande scission de Tours, je le retrouvai encore de l’autre côté de la barricade. Je n’oserai affirmer, aujourd’hui, qu’il avait tout à fait tort.

Ce qu’on ne sait pas assez de ce terrible « débineur » devant lequel rares sont ceux qui trouvent grâce, c’est son inépuisable bonté naturelle et son honnêteté scrupuleuse. Rien ne lui répugne comme les combinaisons et les cuisines de congrès. Il se divertit énormément à renverser les échafaudages de machiavélisme et, tel César de Bazan, à patauger lourdement dans toutes les toiles d’araignées qu’il rencontre sur son chemin. Et il manifeste une joie d’enfant lorsqu’il a pu pénétrer quelque manigance et chahuter un pot de fleurs.

Une des dernières fois que nous nous rencontrâmes, avec quelques anciens de la Chope, c’était à l’enterrement du père Escat, décédé à l’hôpital Cochin, après une courte maladie.

Nous conduisîmes le vieux au cimetière d’Ivry, pieusement, mais sans douleur. Escat avait interdit qu’on s’attristât sur sa tombe et recommandé au contraire qu’on chantât. C’est ce qu’expliqua René Cabannes, son ami des bons et des mauvais jours, en lui adressant l’adieu définitif.

Après quoi, nous entrâmes dans je ne sais plus quelle taverne pour y casser la croûte.

Il y avait là des vétérans du guesdisme, dont Lucien Rolland, ancien fonctionnaire du parti et poète chansonnier dont tous les militants savent la « Complainte du Prolétaire » :