Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/201

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Un mystique qui hanterait Rabelais. Vous voyez ce que ça peut donner.

Quand il aura traversé les milieux catholiques, bien pensants ; qu’il les aura jugés, pesés, condamnés ; quand il aura bien vu l’inanité de ses tentatives de « redressement national » et qu’il aura compris qu’il tourne le dos à l’avenir, Gustave Hervé redeviendrait farouchement révolutionnaire et ferait son « mea culpa » sensationnel que cela ne m’étonnerait nullement.

Il apparut un beau soir, en l’année 1903, à la salle du Tivoli-Vaux-Hall. C’était l’année de l’unité socialiste. À l’issue du premier Congrès, on avait organisé un grand meeting. La salle était bondée.

Soudain, on vit se dresser à la tribune un petit homme, gras et replet, figure joviale, lorgnon en bataille, qui, d’une voix aux inflexions étranges, allant du mode suraigu aux profondeurs caverneuses des basses nobles, se mit à expliquer ce qu’il entendait par antimilitarisme.

Pour lui, il était simplement le délégué des paysans de l’Yonne et mandaté par ses camarades pour faire savoir au parti et au peuple parisien qu’en cas de guerre, « ils ne marcheraient pas ».

Comme en s’en doute, cette déclaration tranchante, sans vaines fioritures, provoqua quelque émotion dans l’assistance. Et l’orateur insistait. Il montrait l’opération, telle qu’elle devait se produire et, la