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décomposait en trois temps : résistance passive, refus formel, insurrection. Et voilà ! Simple et à la portée de tous.

Mais le lendemain, quel chahut dans la presse ! On donnait le nom de cet orateur surprenant. C’était un petit professeur d’Histoire, de Sens, déjà poursuivi, déjà condamné pour des articles et des discours d’une rare violence. On l’appelait Gustave Hervé. Mais ce qu’on lui reprochait le plus violemment c’était, dans un article scandaleux du Travailleur socialiste, d’avoir planté le drapeau de la France dans le fumier.

Après ça, il avait fondé le Pioupiou de l’Yonne où il publiait d’effroyables articles. On le jetait à la Cour d’assises où un avocat socialiste, d’un très grand talent, venait le défendre. Cet avocat se nommait Aristide Briand.

Alors, ce petit professeur, hier absolument inconnu, bondit, d’un seul coup, au sommet de la popularité, pendant que, même dans le Parti socialiste, auquel il appartenait, pleuvent les invectives. On le traite de « réclamiste », de « névrosé », de « loufoque ». Mais lui continue paisiblement sa besogne.

Telle fut l’entrée en lice — et en matière — de Gustave Hervé. Je n’ai pas l’intention de retracer ici sa carrière. Je veux examiner simplement l’homme tel que je l’ai approché et connu.

Il faut que je note, pourtant, qu’après une nouvelle condamnation provoquée par une affiche violente aux conscrits, Hervé, avec l’aide de quelques amis : Eugène Merle, Almereyda, Louis Perceau, Henri