Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/216

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vidant les caves des paysans autrichiens, avant de maltraiter leurs filles !

« À quand la glorification de Cartouche, de Pranzini, de Vacher ! »

Certes, la page était truculente. Mais qu’est-ce qu’un républicain pourrait bien y répondre ?

Mais voici l’objet du délit, c’est-à-dire la conclusion, le passage qui permit de flétrir Hervé et de le dénoncer comme un ennemi du Drapeau :

« Tant qu’il y aura des casernes, pour l’édification et la moralisation des soldats de notre démocratie, pour déshonorer à leurs yeux le militarisme et les guerres de conquête, je voudrais qu’on rassemblât, dans la cour principale du quartier, toutes les ordures et tout le fumier de la caserne et que solennellement, en présence de toutes les troupes en tenue n° 1, au son de la musique militaire, le colonel, en grand plumet, vint y planter le drapeau du régiment. »

Isolée, cette phrase se retournait terriblement contre le journaliste. Elle fut férocement exploitée. Nul ne se soucia d’expliquer aux lecteurs qu’il s’agissait du drapeau impérialiste et qu’Hervé l’avait souligné lui-même : « C’était la seule façon vraiment digne et symbolique de célébrer l’anniversaire de Wagram. » Si Hervé avait consenti à rétablir la vérité, il eût recueilli l’approbation de tous. On sortait de l’affaire Dreyfus et l’on en avait entendu bien d’autres.

Mais il trouvait la chose très drôle. Cette notoriété