Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/218

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professionnelle. Quand il eut terminé la lecture de l’article, il sauta de joie :

— Ça va ! ça va ! s’exclamait-il.

Le lendemain, mercredi, — la Guerre Sociale paraissait tous les mercredis, — les camelots se répandaient en hurlant sur les boulevards, envahissaient les faubourgs, étalant largement la feuille sur laquelle on lisait, en caractères énormes : « À bas la République ! ». Cependant, Almereyda, pris de scrupule à la dernière heure, avait eu soin de placer la phrase terrible entre guillemets.

N’importe. Le chahut fut formidable. Tous les journaux se jetèrent, avec avidité, sur cette manchette, ceux de droite joyeusement, ceux de gauche pleins d’une sainte colère. On oublia l’article, son véritable sens, pour ne plus voir que le cri fatidique : À bas la République !

Hervé était devenu l’homme qui voulait étrangler la Gueuse.

*
* *

Autre crime. Autre légende.

Après des années de détention, Hervé venait de sortir de son cachot de la Conciergerie. Le pauvre général était bien mal en point. Il dut partir, quelques jours après sa libération, se reposer dans sa Bretagne. Il y demeura près de trois mois, et quand il revint à Paris, il nous avoua qu’il ne se souvenait plus du tout de ce qui s’était passé, à sa sortie de prison.