les détails précis des grandes batailles de l’Histoire, les expliquait avec autorité, les commentait, corrigeait les erreurs de tactique des chefs. L’épopée napoléonienne, notamment, n’avait pas de secrets pour lui. Je l’ai entendu, durant des heures, nous conter les péripéties d’Iéna, d’Austerlitz ou de Waterloo. Tout cela revivait les charges, les canonnades, la ruée sur l’ennemi, et les fautes commises, les omissions, les sottises…
Dès son enfance, il donnait ainsi des leçons d’histoire à son frère qui devait devenir militaire professionnel et trouver la mort, durant la guerre, dans la Somme. Il traçait des plans compliqués sur le sable, du bout de son bâton. Ici les Prussiens… là un corps d’Autrichiens… Plus loin, sur les sommets, l’artillerie russe. Alors l’empereur fit donner trois régiments…
Il grandit ainsi, invinciblement aiguillé vers l’Histoire. Je note, en passant, qu’il eut des débuts pénibles. Il conquit ses diplômes à la force des bras. Il prépara son agrégation seul, sans maîtres, presque sans ressources, travaillant obstinément avec tout l’entêtement du Breton. C’est là un joli tour de force. Et, sans la politique qui s’empara de lui, à laquelle il devait se donner corps et âme, il aurait pu faire un remarquable historien, quoique…
Quoique… tenez ! il a écrit une courte histoire de l’Internationale dans laquelle, parlant du premier congrès dans la salle du Tivoli Vaux-Hall, il cite plusieurs fois le citoyen Flora Tristan. Or ce citoyen était tout simplement une citoyenne. Ailleurs, il