Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/37

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que, dans les couloirs, la face huileuse de Daudet s’épanouira parmi ses satellites médusés comme une pleine lune et que, falote, se profilera l’ombre ratatinée de Maurras, ce Beethoven du traditionalisme qui dissimule l’originalité de ses vues et la profondeur de ses pensées sous cet air parfaitement abruti qui lui va à ravir.

Le régime politique de la prison, il y a quelque vingt ans, n’était pas du tout celui d’aujourd’hui. Les quelques privilèges dont bénéficient maintenant les prisonniers durent être disputés, conquis de haute lutte.

D’abord, dès l’arrivée, on soumettait les condamnés à des formalités plutôt gênantes, voire exaspérantes. Cette opération s’accomplissait méticuleusement, sévèrement, et des doigts exercés vous palpaient jusque dans les recoins les plus secrets de l’individu. Je dois dire, pour demeurer véridique, que je « coupai » à cette cérémonie. Mais d’autres, moins favorisés — les royalistes surtout — durent, bon gré, mal gré, s’y prêter.

Il y eut même des sévices violents. C’est ainsi que Maxime Réal del Sarte apparaissant devant les gardiens dans le « simple appareil », ces derniers s’aperçurent qu’il portait une médaille de sainteté avec une chaîne de métal autour du cou. Ils tirèrent sauvagement sur la chaîne, la cassèrent sur les vertèbres du jeune Camelot du Roy qui manqua s’étrangler.

Mais je reviendrai sur cet incident qui eut des suites assez cocasses.

Comme parloir destiné aux visiteurs, on ne possédait