Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/51

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Quelques jours avant, nous avions entrevu par la porte vitrée qui donnait sur la cour-réfectoire, au bout du couloir, une tête blonde à la tignasse ébouriffée, aux moustaches hérissées, aux lorgnons en bataille, qui, dans la demi-clarté, nous adressait signes et sourires. C’était André Gaucher, toujours au droit commun, auquel on permettait une petite promenade quotidienne et qui savait par ses gardiens que des révolutionnaires se trouvaient au quartier politique.

Bientôt, et presque en même temps que les manifestants ouvriers, affluait le gros de la troupe royale. Cela nous valut, comme je l’ai indiqué, la conquête du grand parloir. Mais quel chahut, le soir !

Ces camelots étaient, pour le plupart, des jeunes gens condamnés à des peines variant entre cinq et dix jours de prison et qui considéraient cette aventure comme une joyeuse fête. Toutes les semaines, il y avait des départs et l’on nous annonçait, pour le lendemain, une nouvelle équipe.

Leurs chefs, je les ai déjà silhouettés. Mais, outre Pujo et Maxime Réal del Sarte, il y avait Plateau, qui devait, plus tard, trouver la mort sous le revolver de Germaine Berton.

Je ne saurais médire d’un disparu ; mais lorsque après la guerre, j’appris que Plateau était quelque chose comme le chef de la Sûreté de Léon Daudet et qu’il collectionnait les fiches sur ses adversaires, cela ne m’étonna nullement. Il était destiné à cette fonction. Je n’ai jamais rencontré un homme aussi brutal et entêté. Neveu d’un chanoine, très pieux et n’oubliant