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Du temps des Camelots, ma mère,
La Santé n’était pas amère.
Il y faisait très frais l’été

À la Santé !

On y jouait — douces parties !
On causait — fines réparties !
C’était un Éden enchanté
Que la Santé !

Des gentilshommes authentiques,
À des dussèches très antiques,
Offraient aimablement le thé
À la Santé !

On conspuait la Marianne,
Et Monsieur Pujo, faisant l’âne,
Se montrait plein d’aménité,
À la Santé !

Devant les gars de la terrasse,
Tout petit se faisait Maurasse,
À genoux, se mettait Daudet,
À la Santé !

Car c’était l’heure où, bons apôtres,
Ces messieurs pelotant les nôtres,
Leur parlaient de fraternité,
À la Santé !

Ou vantant le syndicalisme,
Prônant l’antimilitarisme,
Ils avaient l’air très excités,
À la Santé !

……………………..

Oui, c’était le bon temps, vieux frère !
 Depuis, hélas ! quelle misère !
Tout est noir, sombre, sans gaieté,
À la Santé !