Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/107

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cochons ! M’ont-ils fait souffrir ! Mais, cette fois, je les tiens… Attendez, mes gaillards ! Je vais vous passer quelque chose.

— Calmez-vous, mon pauvre vieux… vous avez encore la fièvre ?

— Eh ! qu’importe ma fièvre ? Qu’importe tout ce qu’on a pu dire. Je tiens ma revanche, voilà le plus clair. Ah ! vraiment, messieurs mes confrères, ce sont les francs-maçons qui boulottent les curés, et mon histoire de savant mystérieux est une histoire incongrue, un conte à dormir debout ! Et le fils de la fruitière, alors ? Que faites-vous du fils de la fruitière ?…

— Quelle fruitière ? Quel fils ?

J’appelai à mon secours toute ma volonté pour me dominer et j’y parvins non sans peine. Plus calme, j’expliquai :

— Voici. Un de mes voisins, un jeune homme de vingt-six ans, grand, blond, superbement bâti, prêt à se marier avec une jeune fille qu’il adorait, vient subitement de disparaître. Nul ne sait où il niche, où il se cache, pas plus que les motifs de sa fugue, si fugue il y a. Et j’ai, moi, la certitude, vous m’entendez, la certitude que cet incident imprévu se rattache étroitement à tous les autres.

Le rédacteur en chef, tirant sur ses courtes moustaches, méditait.

— Vous pourriez bien avoir raison. Tout de même, il ne faut pas s’emballer… Donnez cette histoire sans trop insister… Mais quoi ?… Encore ?… Ce téléphone est assommant.

Il s’emparait du récepteur.