Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/113

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garçon et ferma la porte aux curieux comme aux journalistes.

Ce retour inespéré, survenu dans des conditions aussi surprenantes, ajouta au désarroi du public. On ne comprenait plus. Que signifiait toute cette histoire où le bouffon se heurtait au tragique ? Mais les jours suivants, ce fut pire encore. Coup sur coup, deux prêtres reparurent. Et de même que pour le premier, l’abbé Carol, impossible de rien en tirer. Tous arboraient des mines extatiques, contemplant les gens avec des yeux très doux, ne répondant que par monosyllabes, comme s’ils avaient perdu l’usage de la parole. On eut beau les interroger, les sonder, les étudier attentivement, rien qui fut de nature, chez eux, à expliquer l’étrange aventure. Cela commençait à tourner à la farce. La blague, de nouveau, s’en mêla. On chuchota, un peu partout, que ces dignes ecclésiastiques avaient dû faire une bombe insensée.

Cependant trois autres prêtres ressuscitèrent à quelques jours d’intervalle. On les retrouvait dans leur paroisse, non loin de l’église ou de leur domicile. Et, en même temps, quatre jeunes hommes de vingt-cinq à vingt-huit ans s’évanouissaient dans le vide. On eût dit que l’ordonnateur macabre et plein d’humour, qui opérait dans l’ombre, jouait avec la curiosité publique et dosait savamment ses effets.

Je m’efforce, à l’heure où je trace ces lignes, de définir et d’analyser l’état d’esprit de l’opinion, en présence de ces incidents bouleversants. Il me semble qu’une vague d’ahurissement submergea toutes les clairvoyances. On adoptait les calembredaines les plus