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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/114

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évidentes. Cela est si vrai qu’un savant docteur put à son aise établir, dans un de nos plus grands quotidiens, que les disparus si bizarrement retrouvés étaient victimes d’une sorte de bacille qui les poussait à la fugue et à la dissimulation — le fuerocoque. — Selon lui, les individus atteints de cet étrange mal fuyaient, se cachaient à tous les regards, échappaient avec une habileté prodigieuse à toutes les recherches pour ne reparaître que vidés de leur raison et de leur mémoire. Mais cette thèse n’obtint aucun crédit. Je me donnai la peine de la réfuter en quelques phrases ironiques, demandant au docteur trop imaginatif si les cambriolages des banques pouvaient aussi s’expliquer par le miracle microbien.

Malgré tout, je demeurai perplexe. Je me délestai tout à tour de toutes les suppositions. Ce qui, pour moi, restait certain, c’est que l’Ennemi, après avoir utilisé ses lamentables victimes pour des fins odieuses, les rejetait sur le pavé comme des fruits desséchés. Et je pataugeais à travers les conjectures les plus arbitraires. Ce fut, encore une fois, Juliette, décidément passionnée pour ces charades, qui me mit sur la bonne voie :

— Il faudrait soumettre tous ces rescapés à un examen plus minutieux, explorer leurs corps jusque dans les replis les plus secrets. On ne trouvera pas autrement. La clé est là, pas ailleurs.

En formulant cet avis, d’un ton détaché, Juliette avait clos ses paupières comme si elle craignait que je ne lusse dans ses yeux. Mais elle ne pouvait celer l’ironie qui plissait le coin de ses lèvres. Et faut-il que je le