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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/149

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carcasse ruinée, l’enveloppe charnelle usée, les os desséchés ? Est-ce qu’on peut vraiment ravaler cet édifice vermoulu et branlant qu’est un vieux, un horrible petit vieux, toussotant et grimaçant, aux rarissimes poils aubères, au front plissé comme une antique blague à tabac ?



J’ai très peu mangé ce soir. Puis je me suis coulé dans mon lit, succombant à une extrême lassitude. J’ai dormi d’un sommeil uni et sans heurts. Je persiste à penser qu’Ugolin a fait mélanger à mes aliments ou à ma boisson quelque produit qui a dompté mes nerfs exacerbés.

Il faut pourtant que je mette un peu d’ordre dans ce récit. Jusqu’ici je l’ai conduit à l’aide de mes notes, sans méthode ni logique. Au point où je suis parvenu, je ne puis plus m’attarder ni m’égarer dans des détails. Je deviens, pour l’instant, non plus acteur mais témoin. Mais saurai-je avec assez de netteté reconstituer les paroles de feu que, durant des journées, un vieillard redoutablement loquace versa dans mon âme en dérive ?

Car je ne vois aucun incident à signaler au cours des trois semaines qui se sont écoulées depuis mon arrivée dans l’antre d’Ugolin. J’allais de ma chambre cellule à la salle à manger, de la salle à manger au laboratoire où l’inévitable trinité semblait se tenir en permanence. Et je devenais la proie facile du petit vieux à la