Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/151

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temps, tant bien que mal ; puis qu’on tombe en ruines et qu’on retourne au néant qui vous a vomi. Bonjour ! Bonsoir ! Je sais cela et pas autre chose. Et je n’ai jamais songé à autre chose. Je n’ai aucun goût, d’ailleurs, pour les énigmes et les charades. La métaphysique n’est pas mon fort et l’impression spectaculaire du monde visible me suffit largement.

Ugolin médite un court instant, les paupières baissées. Il toussote de son insupportable chevrotement de toux. Puis il reprend :

— Jusqu’à ce jour, mon cher monsieur, on a toujours considéré la vieillesse et la mort comme le terme inévitable de toute existence humaine. Supposez que quelqu’un se soit dressé pour crier aux hommes : « Il y a erreur. La vieillesse et la décrépitude physique ne sont que des maladies comme les autres et qu’on peut combattre, et qu’on peut vaincre. La mort n’est pas une fatalité ! » Celui-là, avouez-le, se serait vu joliment conspuer. C’est pourtant ce que j’ai tenté. J’ai soutenu, devant de doctes assemblées, qu’il était possible de guérir, vous m’entendez, de guérir la vieillesse et par suite de développer à l’infini la longévité humaine, de la développer jusqu’à l’immortalité… je veux dire jusqu’à la disparition de ce globe condamné dont nous ne sommes que les parasites sans gloire. Je ne me suis pas tenu satisfait pour avoir proclamé cette vérité. J’ai essayé de prouver. Je l’ai étayée d’arguments d’ordre expérimental, je l’ai consolidée sur tout un échafaudage de faits prouvés, reconnus, vérifiés… Mes démonstrations se sont heurtées aux préjugés stupides, à l’orgueil et à l’incompréhension