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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/163

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— Il est très vrai, formule le spongieux secrétaire, que le jour où nous connaîtrons exactement la composition chimique des corps organiques et que nous fixerons leurs actions et réactions, nous serons les maîtres de la Vie.

— Pour l’instant, poursuit Ugolin, il ne s’agit que de combattre et museler la sénescence. Sachez que ce fut là le but de presque toute mon existence. Jeune et simple préparateur dans un laboratoire, j’avais déjà entrevu que la vieillesse n’était qu’une maladie comme tant d’autres et parfaitement guérissable. Le problème consistait à suivre de très près les évolutions de nos cellules, leur résistance aux microbes, leurs rébellions et à établir la paix sociale du corps. Il fallait assurer à l’espèce noble — vous prenez des notes, c’est parfait ! — toutes les conditions de libre développement, interdire aux phagocytes et aux cellules conjonctives toute incursion hors de leur domaine. Comment y parvenir ? D’autres, avant moi, ont donné toute leur attention à cette question difficile. Ils ont formulé des conclusions diverses, quelquefois opposées.

Il fait une pause, souffle, me fixe un court instant, les yeux mi-clos. Puis, le geste plus net, le ton péremptoire, il reprend :

— Nous voici aux alentours de la vérité. Apprenez, monsieur le journaliste, que notre corps abrite un certain nombre de glandes indispensables à notre existence et dont vous n’avez pas la moindre idée. Du moins, je présume que vous n’avez, là-dessus, aucune idée…

Ce n’est que trop vrai. Il ne m’est jamais arrivé de