J’ai presque envie de lui crier : Faites donc ! Car je finis par m’y perdre, dans ces histoires. Je me demande ce qu’il veut prouver avec ses plasmas, ses tissus, ses réticulés, son épithélium et son syncytium ! Seigneur ! que la science est chose effroyablement aride et repoussante.
Mais Ugolin m’a prévenu :
— Vos conclusions, on les connaît. Il y a une part de vérité dans vos constatations. Mais vous n’avez, jusqu’ici, étudié que sur les animaux. Il vous reste à voir ce que donnent les glandes interstitielles humaines. Et la seule question est d’établir que la greffe jette dans l’organisme les hormones sexuelles qui combattent la décrépitude sénile. Là-dessus, mon opinion est formelle, et toutes vos réticences ne serviront à rien. Je vous rappellerai en attendant, que par d’autres méthodes, Steinach a rajeuni de vieux rats blancs. Mais son expérience portait néanmoins, sur l’activité des glandes sexuelles. Il usait des rayons Roentgen et de la ligature des canaux séminaux. Passons. Steinach s’est vu conduit à employer, lui aussi, la méthode homoplastique, c’est-à-dire la greffe. Après lui, Lichtenstern a poursuivi les expériences. Il est arrivé — et vous connaissez le fait — à rendre la masculinité à un individu castré depuis dix années. Qu’avez-vous à opposer à cela ! Est-ce que l’introduction des hormones ne renouvelle pas les caractères sexuels, ne provoque pas une augmentation de la force musculaire, la poussée des cheveux et de la barbe ? Alors ?
Court arrêt. Ugolin m’examine. Puis, avec une sorte de solennité, il achève.