Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/18

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Je lâche la table. Je me dresse éperdu, horrifié, n’osant plus un mouvement… Un grand froid me glace. Instinctivement, je cherche des yeux le professeur, quêtant un regard, un geste, un secours… Et voici que je m’abats, sans un mot, anéanti, abîmé, noyé dans une détresse sans fond.

Néer a disparu.



Il me serait difficile, maintenant que, rasséréné, ayant récupéré ma lucidité, j’examine mes bouts de notes et rassemble mes souvenirs, de dire exactement combien d’heures ou de minutes dura ma prostration. Je n’avais plus conscience du temps. La torpeur qui m’accablait m’ôtait toute possibilité d’observer et de juger. Quand je me levai, les membres lourds, tout le corps endolori, le soleil était déjà haut dans le ciel. Cette journée de printemps s’annonçait vraiment délicieuse et combien de joies ne promettait-elle pas ? Mais j’avais bien le loisir, vraiment, de goûter ces splendeurs. Je surgissais, brisé, d’un cauchemar mortel et l’image du Maître, vaincu, les paupières closes, la face livide, tendait comme un voile noir sur mes yeux.

Je fis quelques pas, péniblement, et sortis de mon cabinet. Une voix m’appela pour le déjeuner. Je n’écoutai point. Poussé, soudain, par une curiosité ardente, un besoin irrésistible de savoir, je me jetai dans l’escalier mouvant, sautant par-dessus les marches, bondissant d’un tapis à l’autre. Je gravis comme un fou plusieurs paliers, conduit par une fièvre d’impatience… Me voici devant la cage dont je rejette brutalement la