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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/21

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l’entourent et lui composent une parure harmonieuse. La place de l’Étoile est demeurée le vaste rond-point, non plus tumultueux de jadis, mais d’une douceur paisible d’où partent les vastes avenues bordées de maisons blanches baignées dans les feuillages, bruissantes de chants d’oiseaux…

Le cerveau du monde, ai-je dit. C’est là, en effet, que réside toute Autorité et toute Pensée. Un Dieu triple et unique veille sur nos destinées, prépare l’avenir, conduit à son gré la Vie.

J’arrive sur le Palais. Je descends lentement dans l’air diaphane et viens me poser sur une plate-forme. Un serviteur pousse l’avisette dans une cage de verre, cependant que, d’un élan, je me précipite dans les couloirs. Oh ! je connais les détours de ce palais qui n’a qu’une seule réplique sur le globe, l’asile de Tu-Tsin-Phou, le vieux jeune aux yeux bridés, à la peau ocre, à l’esprit fertile, qui vit son rêve sur une colline parfumée de thym et de romarin, face aux pâmoisons de la Méditerranée.

Je pousse la porte de la vaste salle du Conseil. Le Grand Cercle est presque au complet. Ils sont venus, les jeunes éternels, de tous les coins de la terre. Ils se tiennent là, muets, le visage solennel, le chef pliant sous une lourde anxiété. Je prends place, sans bruit, dans un fauteuil. Aucun d’eux ne risque un geste. Un silence atroce pèse sur tous les fronts…

Les heures ont fondu pendant que, dans mon cabinet, terrassé par une crise de désespérance infinie, je m’enlisais dans le sable de l’insensibilité. Les heures… Que s’est-il passé ?… Quels incidents nouveaux depuis que j’ai reçu le sinistre avertissement ?

Je fixe obstinément mes yeux sur la porte du fond,