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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/221

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peur. La Science à la place de Dieu. Dieu, d’ailleurs, n’est plus qu’une épave, une lamentable friperie rongée aux Mythes. Plus de dieux. Plus de dieux en haut, plus de dieux en bas. Tout ce que nos semblables ont conçu, rêvé, projeté d’absurde, de sanglant, de tyrannique, de fou, rejeté au néant. Les divinités évadées des cerveaux humains, comme Minerve du crâne de Jupiter, se sont succédé au cours des siècles, et pourchassées, depuis les Brahma, les Osiris, les Astaroth, les Moloch, les Teutatès, les Jéhovah, les Sabaoth, jusqu’au dernier venu, le Nigaud du Calvaire ! jusqu’aux larves spirites et aux incongruités théosophiques. Tout cela va s’anéantir à jamais, dispersé sous le souffle de la vérité scientifique.

Un coup de coude, en douce. Ciron vient de me chuchoter avec un sérieux imperturbable :

— Ôte-toi de l’au-delà que je m’y mette !

Mais Ugolin est lancé à fond. Il massacre les dieux, brise les idoles. Sa voix âpre atteint à des sonorités de buccin. Il clame, clame :

— Oui tout disparaîtra du ciel et de la terre, tout, les dieux et leurs contrefaçons… les Entités, les Morales, les Concepts : Justice, Égalité, Liberté, Vertu, toutes les blagues, toutes les fantasmagories, tous les ersatz de la chose divine… Dans l’infini du temps et de l’espace, il n’y a rien… rien que le vide béant. Le Néant avec ce que nous mettons, nous-mêmes, dedans ; le Néant qui, seul, est Dieu et dont le Savant est le prophète.

Il vient de se dresser encore et, cette fois, il me paraît immense.