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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/222

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Et ce petit vieillard qui tout bas me parlait
Me sembla grand comme le monde.[1]

— Mes amis, mes frères, nous allons livrer bataille à la sottise et à l’ignorance. Nous allons créer une humanité neuve. Dans la bagarre qui s’annonce, il vous faudra un cœur d’airain, une volonté durcie, un cerveau lucide. Jurez tous de demeurer à la hauteur de notre tâche commune, la plus formidable qui se soit jamais offerte à des bipèdes sortis du ventre d’une femelle ! Jurez de marcher à la conquête de la Vie, une et éternelle ! Jurez d’être Dieux par la sagesse, par la volonté, par le savoir.

Un charivari assourdissant fait de tous les accents : hurlements, glapissements… raclements de gorge ; musique enrouée, crachats de tons suraigus ! Nous le jurons !… Nous le jurons !… Tous ces vieux sont déchaînés. Nous le jurons !… Ils sont grotesques. Nous le jurons !… Ils sont poignants. Bénédiction des poignants !

Je cherche Ciron du regard. Il a disparu. Il est au creux de la foule comme un greffon dans une bourse vaginale.



— Eh ! là… debout, monsieur… Veuillez me suivre.

Je me frotte les yeux avec acharnement. Je viens de

  1. Extrait, croyons-nous, des Œuvres complètes de M. Fabre des Essarts. (N. de l’Éd.)