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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/227

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I


Au point où me voici, stationnant, mon récit, déjà pénible, s’emmitoufle de nouvelles difficultés. Ici je coudoie l’Histoire. Les événements auxquels je dois faire allusion sont connus, archiconnus de mes contemporains qui les ont relatés minutieusement, et je ne sais dans quelle mesure il m’est possible de risquer une incursion dans ce domaine battu et rebattu. Je vais m’efforcer de côtoyer la vérité historique, de la résumer, de la souligner dans ses rapports avec ma propre histoire à moi, faible individualité emportée dans une tourmente sans égale.

Depuis l’heure maudite où mon enfant m’a été enlevé et où j’ai vu Ugolin, le dieu Ugolin, s’affaisser dans une fâcheuse crise, des années ont glissé dans le puits du temps comme des seaux vides. J’ai pu me renouveler aisément, absorber la vitalité d’un bon jeune homme, issu d’un « neutride ». Je me sens en pleine force, lucide et déterminé. Et, cependant, flotte dans