Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/228

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mon esprit la même sourde inquiétude qu’aucune tension de volonté, aucun raisonnement ne parviennent à dissiper.

Le Grand Cercle a désigné le professeur Sevart pour occuper la place vacante dans la Trinité Scientifique. Il s’assoit maintenant à côté de Schutzzler et de Potrel, les deux antiques coadjuteurs de l’Autre… Neer, sans un mot, sans vaine réclamation, s’est retiré dans sa forteresse. Il ne se risque dans les assemblées périodiques que par ordre et se tait, impénétrable. À quoi rêvasse-t-il sournoisement et que nous ménage son génie irascible ? Car la rivalité des deux professeurs n’a point cessé avec le choix des vieux sages. De l’animosité fume dans l’air et deux camps rivaux s’épient silencieusement.

Les disparitions d’enfants ont attiré l’attention des maîtres, un instant bouleversés. Sur les tables de marbre et d’or du grand laboratoire, se sont projetés, du Nord au Sud, du Levant au Couchant, tous les paysages de ce globe, jusqu’aux déserts les plus reculés, jusqu’aux îlots perdus dans l’immensité des Océans. Tous les sons, toutes les voix, toutes les harmonies de cet univers ont été ramassés. Les avions ont sillonné le monde, fouillant dans tous ses détails la croûte terrestre, perçant les murailles le plus épaisses, sondant les ténèbres. Et rien, toujours rien ! Le problème demeure posé, inexorable et déconcertant. À la fin, le Grand Cercle, lassé, a adopté une communication du vieux jaune aux yeux bridés, Tu-Tsin-Phou, le patriarche de l’île du Levant qui se rit de nos efforts et dialogue avec l’Éternité. Cet Oriental muet et sphynxial