glandes interstitielles, qu’elles soient cueillies sur le singe ou sur l’animal humain, ne peut que procurer un surcroît de vigueur passagère et prolonger de quelques années au plus la vie d’un homme. Tout le reste est enfantillage.
On connaît aujourd’hui la véritable personnalité et le nom du mystérieux Ugolin. Il s’appelle Jean-Louis Anathase Huler et appartient à une famille alsacienne. Il paraît qu’il fut jadis un brillant élève promis à de hautes destinées, mais qu’un orgueil démesuré gâcha ses plus précieuses qualités. Nous avons pu, du reste, obtenir quelques détails sur cet intéressant personnage. Le docteur Boret, qui le connut de très près et fut de ceux qui réfutèrent victorieusement ses arguties, a bien voulu nous confier tout ce qu’il en savait.
— J’ai connu Huler, nous dit le vieux savant que toute l’Europe admire, voici une cinquantaine d’années — ce qui ne me rajeunit guère, ajoute-t-il en souriant. C’était un esprit curieux, certes, supérieurement doué, mais chez qui la folle du logis se donnait libre cours. Son imagination courait comme un zèbre. Tout jeune, il voulut s’attaquer aux problèmes les plus compliqués. Il prétendait avoir résolu les plus ardues questions métaphysiques et se faisait une sorte de religion de la négation. Nihil, rien, telle était sa devise. Nous l’avions baptisé Monsieur Nihil. Nous disions en riant : il ne fume que le Nihil ! Nous avons eu des discussions orageuses. Tout mince alors et court de taille, il se dressait sur ses talons comme un coq et n’admettait aucune objection. C’est ce qui fit que je cessai de le fréquenter ? Mais, par la suite, le hasard me ménagea plusieurs contacts avec cet homme étonnant. Je dois vous dire qu’il possédait une jolie fortune et qu’il