Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la dilapida dans des recherches laborieuses. De plus, il aspergeait l’Académie des Sciences de communications insensées. Ce qui le tourmentait, c’était le souci de retrouver (il disait : retrouver) le secret de l’immortalité. Il prétendait également que l’homme devait devenir Dieu (Renan a dit, lui aussi, quelque chose de semblable) ou, plutôt, que du troupeau humain sortirait fatalement un être nouveau et essentiellement différent et que le rôle du savant était d’y aider.

Le docteur Boret se met à rire tout doucement à l’exhumation de ces vieux souvenirs et il reprend :

— Ce qui vient de se produire ne m’étonne nullement. Le vieux fou a dû, obstinément, poursuivre ses recherches. Peut-être même a-t-il obtenu quelques résultats illusoires. Et puis, l’âge venant, la rancœur aidant, il a dû sombrer dans un noir vertige. Mais ses théories demeurent aussi vaines aujourd’hui qu’hier.

Je demande au docteur Boret :

— Vous ne croyez pas que cet antique maboul puisse être vraiment dangereux ?

Mon interlocuteur lève ses épaules dans un geste significatif :

— Un fou, vous dis-je. Certes, il offre quelque danger. Il est parfaitement possible qu’il ait en sa possession quelque force encore inconnue de nous qui lui permet de réaliser ses inexplicables cambriolages. De plus, il doit être placé à la tête d’une bande de malfaiteurs ou de déments comme lui. Les enlèvements et les mutilations de jeunes gens en sont un témoignage. Et puis ?… Que peut-il de plus ? Il suffira d’agir avec adresse et volonté pour se rendre maître de lui et la comédie sera terminée.