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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/246

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Je tremblote sous le vent qui fraîchit et, brusquement, je cède la place. J’en ai assez d’un spectacle dont l’horripilante splendeur finit par ne plus m’émouvoir. Je rentre lentement chez moi et, dans la quiétude de mon cabinet, je chevauche à nouveau mes évocations.

Ce qui se passa à Paris, dans la semaine qui suivit la fugue d’une des tours de Notre-Dame, fut assez curieux. Les journaux donnèrent de la voix. On somma le Gouvernement qui se vantait de connaître l’asile du Monstre d’ordonner l’opération décisive. Trois régiments d’infanterie se virent alertés. On fit venir de l’artillerie et des avions de combat se tinrent prêts. Mais on cacha soigneusement la date de l’expédition.

C’est alors qu’un nouvel incident vint ajouter, si possible, au déséquilibre général. Quatre journées à peine s’étaient écoulées, lorsqu’un matin, à la pointe de l’aube, les premiers passants constatèrent que la tour mystérieusement dérobée, venait de reprendre sa place, exactement sa place, à l’endroit même où, depuis des siècles, des générations avaient accoutumé de la contempler. Et cette fois encore, Paris entier dévala vers la Seine, parmi les piétinements, les bagarres, les charges, emporté dans un cyclone d’aberration qui fracassa toutes les clairvoyances.

Puis le silence morne, un accablement infini, la sensation qu’on ne pouvait rien, qu’on chavirait sous le souffle de forces irrésistibles, qu’on était au creux de mains implacables.

À l’étranger, ce fut une féroce rigolade. Un journal anglais expliqua gravement que les foules parisiennes étaient victimes d’une sorte d’auto-suggestion col-