Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/266

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Les plus étranges légendes, les pires bobards couraient, colportés on ne savait comment. On disait qu’Ugolin, réfugié au Mont-Saint-Michel, d’où il expédiait ses messages, fabriquait un élixir de longévité qui s’absorbait soit sous forme de cachets, soit sous forme liquide. Une Société anglaise se constitua avec d’énormes capitaux dans le but d’exploiter les produits Ugolin. Mais, là-dessus, un nouveau message vint mettre les choses au point et le feu aux poudres. On sut exactement ce que voulait Ugolin : l’utilisation barbare et baroque des jeunes gens sains et vigoureux au profit des vieillards marqués du signe de la décrépitude ; la suppression des individus débiles, maladifs, chargés de tares héréditaires… Le tout pour aboutir à une société nouvelle qui ne connaîtrait d’autres règles que celles de l’hygiène et où le Savant serait souverain. Plus de guerres, criait Ugolin, plus de meurtres inutiles ! Plus de ces bagnes sordides qu’étaient les usines, les ateliers, les immenses magasins où crevaient, sous la loi de plomb du travail, des armées de sacrifiés. Les hommes vivraient et achèveraient leur course sur ce globe, sous le contrôle bienveillant de la Science. Ugolin serait Pape et Roi, exerçant son autorité suprême dans le spirituel et dans le temporel. Plus de Dieux, d’ailleurs. Les églises, les temples, les synagogues, toutes les boîtes à prières, à litanies, à sornettes mystiques fermées ou détruites. L’Argent anéanti à jamais. Mais ce qui parut scandaleux, insensé, inacceptable ce fut la façon dont Ugolin prétendait fixer le sort de la femme.

Je comptais, expliquait le redoutable et énigmatique philanthrope, procéder, de même que pour l’homme, au