Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/265

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hostilités entre citoyens. Plus de réaction bourgeoise. Plus de revendications sociales. La Science, seule, allait désormais régler le sort des hommes. Et il expliquait cyniquement que les vieillards en possession du fantastique secret de l’éternisation entendaient dominer l’univers. Ces messages provoquèrent chez les uns un accablement écrasant ; ils stimulèrent la haine, une haine meurtrière chez les autres.

Des bandes se levèrent. C’étaient de petits garçons qui, groupés sous la bannière des « Moins de vingt-cinq ans », résolurent la chasse aux ancêtres. Au début, ils se contentèrent de parcourir les rues et les boulevards en vociférant : « Mort à Ugolin ! Mort aux vieux ! » et en conspuant tous les hommes âgés qu’ils découvraient. La police laissait faire. Le Gouvernement, désarmé, comptant surtout sur les jeunes et sur leur ferveur communiste pour se consolider, se gardait soigneusement de sévir. Bientôt les « Moins de vingt-cinq ans » se risquèrent à molester et à brutaliser les vieillards. Puis, exaspérés par quelques résistances, ils se mirent à tuer. On ramassa un peu partout des cadavres aux cheveux blancs, dont certains affreusement mutilés. Le mot d’ordre devint : Guerre aux vieux ! Alors, les vieux, à leur tour, se groupèrent pour se défendre. Il y eut des rencontres sanglantes. Pères contre fils ! La guerre civile renaissait sous un autre aspect. Ce n’étaient plus les classes qui s’affrontaient, mais les âges et les générations. La guerre des jeunes et des vieux ! Chose curieuse. Les hommes de quarante ans se divisèrent, les uns prenant parti pour leurs aînés, les autres pour leurs cadets.