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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/272

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toire apparaissent comme jeux d’enfants. Je ne pus, du reste, la suivre que de très loin. Un soir que je déambulais sans but dans les rues, noyé dans le délire général, une ombre s’était dressée soudainement sur mes pas. Elle m’adressa un signe impératif, me jeta dans une voiture et, de là, dans un avion. Quelques heures après, j’étais au Mont-Saint-Michel, en présence d’Ugolin. Le petit vieux, transfiguré, se tenait debout, le visage calme, les yeux semblables à deux étoiles, tout son être ruisselant de force majestueuse, débordant de jeunesse. Il prononça avec une terrible douceur :

— Nous approchons du but. Le monde nouveau va s’épanouir sur la charogne de l’autre.

Je joignis les mains.

— Maître, il y a des masses d’hommes, de femmes, d’enfants qui sont comme des loups enragés.

— Je sais, dit-il, négligemment, je sais. Qu’ils crèvent donc. Il le faut. Trop de déchets empoisonnent la société qui se lève. Faisons table rase.

Il ajouta :

— On vous a mis à une rude épreuve. Vous avez besoin de repos. Allez.

On m’isola dans une chambre. J’appris par la suite que j’avais dormi deux jours pleins. Quand je revis le soleil, j’interrogeai un des hommes qui avaient reçu mission de veiller sur moi.

— Vous serez tenu au courant au fur et à mesure. Restez en paix.

Peu à peu, dans le calme et la sérénité du Mont-Saint-Michel, loin des orgies sanglantes auxquelles je venais d’assister, je me remontai. Il me fut permis d’aller res-