Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/271

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propriétés, violant les femmes, égorgeant quiconque s’opposait à leurs désirs. Triomphe écœurant d’une soldatesque déchaînée, sans autre guide que ses crapuleux instincts.

Mais comment fixer les péripéties de cette invraisemblable et boueuse épopée ? Du sang, du sang ! Des foules abêties et stratifiées dans une épaisse couche d’horrification. Des épidémies perforantes. Le vernis de la Civilisation zébré de craquelures. Si je voulais noter ici les phases de cet indicible cauchemar, il me faudrait tremper ma plume dans je ne sais quelle encre pestiférée. Pour tout dire, la Rage et la Démence tenaient l’Humanité à la gorge.

C’est alors que, dans le ciel, Ugolin, le dieu Ugolin fit son apparition. Il surgit une nuit, sur le charnier de Paris, à la tête d’une flottille d’avions légers et rapides ; le super-rayon se mit à fonctionner ; les quartiers miséreux, les taudis, les trous à punaises, les boîtes à cafards s’effilochèrent sous les morsures du fluide vengeur. En même temps, le Maître donnait ses ordres. Il poussait les foules vers les habitations des riches, les palais, les hôtels, et ses ordres, qui pleuvaient sur la ville, commandaient : Au travail !

Ce qui restait de troupes à moitié organisées recula sur les frontières. On ne songeait plus à la guerre devenue inutile. Il y avait encore, à Bordeaux, l’ombre d’un Gouvernement. Il fit humblement sa soumission. Et l’ère de l’organisation débuta.

Je me vois dans l’obligation d’esquisser simplement le récit de cette transformation fabuleuse auprès de laquelle les bouleversements les plus profonds de l’His-