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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/277

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Trois quarts de siècle ! L’univers était à peu près soumis. Ugolin et son armée de savants s’étaient attachés à une triple besogne : régénération des individus, suppression de la machine, anéantissement des villes. L’homme, de sa naissance à sa fin, devint la proie du médecin-chirurgien qui le choisit comme champ d’expérience, le combla de médications, le surina de son bistouri des pieds à la tête. Il se produisit, quarante années après la révolution ugoline, ce que nous avons appelé le grand tournoi des docteurs. Ce fut inénarrable et cela manqua remettre en question la victoire et la suprématie des Vieux-Jeunes.

Les médecins dominaient parmi les troupes d’Ugolin et se doublaient de chimistes. Leur principale préoccupation, le seul objectif qu’ils poursuivaient, c’était, suivant leur propre expression, le nettoyage de l’individu humain. Ils le nettoyèrent de telle sorte qu’il faillit ne plus rien en rester. Le docteur Bell-Uhr, de Chicago, imagina d’explorer les intestins et reprenant les théories de Metchnikof, de les vider de leur contenu de bactéries. Des milliers de malheureux furent gavés des produits les plus hétéroclites ; on ne rencontrait plus que de tristes épaves sans force ni courage, aplaties, geignant, souffrant comme des damnés. Là-dessus, le docteur Korusko, originaire de Tchécoslovaquie, affirma qu’il fallait non pas nettoyer les ventres en les ramonant comme des cheminées, mais les ouvrir pour aseptiser l’intérieur. Et le professeur Bille, de Montélimar, conçut le projet de les racler avec une lame très fine trempée dans de l’acide formique.

Puis le docteur Polpol, de Paris, s’avisa que toutes